jeudi 1 juillet 2010

En marge d'un livre

A côté de ma critique de son livre "Les Manuscrits de Kinnereth", j'ai entamé un dialogue avec l'auteur au sujet de certaines idées exprimées dans son roman. Ainsi suis-je en train de lui écrire le suivant, où je reformule mon idée de base:
" De l'autre, nous avons la question du rôle de l'humanité dans le développement, et éventuellement l'extinction, de la vie sur notre planète. Prétendre que ce rôle soit unique, que l'humanité n'ait été créée qu'en vue de l'extinction globale (outre le fait que tu y rajoutes une hypothèse de volonté consciente, incarnée par le « Démon »), me paraît faire abstraction du caractère dialectique de l'histoire humaine, entre deux paradigmes, celui de la création (humaine), de la production d'oeuvres et objets nouvelles (de la création de nourriture par l'agriculture à celle d'oeuvres d'art, en passant par l'industrie, la construction, etc...) et celui de l'utilisation de ressources supposées créées une fois pour toutes ou renouvelées par un Créateur extérieur (Dieu, Gaïa ou la Nature), mais dont l'homme ne serait que l'exploiteur, le prédateur. Le fait que le second paradigme ait, toujours, combattu le premier, et qu'aujourd'hui, sous plusieurs formes, il paraisse avoir supplanté le remier qui, jusqu'à il y a quarante ans, demeurait celui enseigné comme critère majeur de jugement (juger les gens en fonction de ce qu'ils ont créé, de ce qu'ils ont apporté à l'ensemble de l'humanité). Aujourd'hui on sépare les gens selon le second paradigme, le winner étant celui qui prend beaucoup, le loser celui qui donne, qui crée au profit d'autrui. C'est ce que j'appelle l'apocalypse mentale du XX° siècle..."

lundi 29 mars 2010

Le mythe d'Adam

Une intervention de Yann Minh sur son nooforum qui, AMA, correspond à la guerre des paradigmes....

mercredi 16 décembre 2009

Le monde de Mad Max

Dans une discussion, l'autre jour, quelqu'un me faisait remarquer que l'anglais "scavenger" correspond encore mieux à l'idée que je place au centre du paradigme que je dénonce que le français "prédateur". Je crois qu'il y a plus de la hyène ou du vautour qui attaquent les proies mortes que du tigre ou de la lionne en chasse, dans le comportement de pillards de supermarché qu'adoptent nos contemporains.
Ou, si on préfère, l'archétype du pillard que chacun de nous veut être est plutôt Mad Max que Napoléon. C'est ellement plus facile d'imiter le pilleur de richesses en voie d'épuisement que le conquérant de pays encore vivants.
Est-ce que, par hasard, la sortie du film ne coïnciderait pas parfaitement avec la complétion de l'apocalypse mentale, la disparition de l'esprit de création, de construction? 1979 me parait effectivement une date acceptable.
Toujours est-il que, même si les immeubles sont encore debout, nous vivons souvent dans le monde actuel comme si nous imitions Mad Max à la recherche des derniers restes laissés par une civilisation morte depuis 30 ans...

mercredi 25 novembre 2009

Encore Caïn

Eh oui, une pièce qui parlait d'Henoch, fils de Caïn, et de la ville qui porte son nom dans la Bible, m'a rappelé
d'abord que Caïn, non content d'avoir apporté à l'humanité l'agriculture, est aussi le fondateur de la première ville, nommée Henoch en souvenir de son fils, et donc de la civilisation, fille des cités; ce qui, en rappelant que c'est un autre fils de Caïn, Tubalcaïn, qui a inventé l'industrie, fait eaucoup de créations pour une seule famille...
ensuite que le Grand Berger, non content d'avoir maudit Caïn pour sa création de l'agriculture, a aussi maudit la terre sur laquelle il travaille (et qu'il a défendue au prix du sang d'Abel) en la rendant stérile; comme quoi le premier Créateur ne supportait pas la création d'un autre, l'art agricole et les plantes nouvelles et hybrides qu'il a engendrées!
Dire qu'il faut attendre Israël (l'homme qui renie El) pour qu'il reconnaisse enfin le droit de penser à ses "images"...

samedi 21 novembre 2009

Gloire à Caïn, sur la Terre à défaut du ciel

Avec ce titre provocateur je vous livre les réflexions qu'a suscitées l'émission du 1° Novembre de la Source de vie:

L'autre jour, à la Source de vie, le rabbin Gilles Bernheim avait choisi de nous parler d'un des épisodes les plus marquants du début de la Genèse, celui de Caïn et Abel. Mais il l'a fait, avec son partenaire-bouffon Josy Eisenberg, avec des accents d'une telle platitudeet des contresens tellement évidents à mes yeux que je ne peux m'empêcher de reprendre une première fois le sujet (en attendant de lire une explication par des rabbins plus chercheurs qu'acteurs, qu'on 'a envoyée et que je ne réfuterai pas d'entrée.
Parce que les lieux communs cités par M. Bernheim pour faire de ce drame un drame de l'incommunicabilité, ce qu'il est, entre un nomade intellectuel représentant de Dieu, la victime, et un sédentaire obtus et justement haï du Créateur, Caïn, me paraissent faux et/ou mensongers. Ce qui est normal quand on défend une oeuvre qui fait de la Création la propriété inviolable du Grand Berger, qui récuse tout droit de l'homme à participer à la cosntruction, à la création du monde.
Et même le texte contredit l'interprétation de M. Bernheim. Il a rappelé à ceux qui l'avaient remarqué (ce n'était pas mon cas) que quand le nomade Abel, béni de Dieu (car il se contente de prendre ce que Dieu lui donne, de guider le troupeau d'animaux dont Dieu lui a donné la charge et le profit, et de rendre à Dieu ce qui lui vient de Lui, ce qui pousse Dieu à agréer l'offrande) pénètre sur le champ que Caïn, Prométhée inventeur de l'agriculture, a créé (faut-il rappeler que les historiens-paléontologues pensent qu'en fait l'idée et la création de l'agriculture firent le fait des femmes, créatrices universelles de par leur fonction naturelle d'enfanter ?) et dont Dieu a rejeté l'offtande des produits, comme il nie dans presque tous les passages de la Bible (je traiterai ailleurs le cas d'exception qu'on m'a signalé, l'acte fondateur de ce qui sera plus tard le peuple hébreu, d'ailleurs, peuple voué à la création, au défi de la loi de Dieu, et néanmoins pour sa plus grande gloire!), Caïn parle à Abel. Le texte de ce qu'il a dit n'a pas été noté, ou a été perdu; mais c'est caïn qui parle, Abel ne répond pas. Abel est fort de la bénédiction de Dieu, et méprise ce sédentaire, ce paysan, ce créateur qui ne se contente pas d'adorer Dieu et de prendre ce que Dieu donne.
Quand M. Bernheim nous dit que les intellectuels, les raisonneurs, sont les nomades qui connaissent et admirent les différentes coutumes qu'ils renco,ntrent dans eur voyages, il cofond nomade et voyageur, explorateur. Les nomades, on le voit trop dans la réalité, ne comparent pas et n'admirent pas les réalisations des sédentaires qu'ils rencontrent. Ils méprisent d'un seul ensemble toutes ces différentes façons de vivres qu'ils rencontrent; le fait meme de leur variété prouve qu'ils ne connaissent pas la SEULE VOIE, celle des nomades: prendre, de gré ou de force, ce que les sous-hommes que sont les sédentaires créent, au mépris de l'Interdiction divine, de façon variée mais toujours déplaisante à Dieu. Les intellectuels, voyageurs et explorayteurs, qui comparent et apprennent à apprécier les différentes civilisations (le mot même vient de civis, la cité: il ne saurait s'appliquer à ceux qui n'ont pas un lieu de référence), ce sont des sédentaires urbains et penseurs qui ont appris à dépasser l'idée de la Loi unique.
Et pourquoi Abel avait-il pénétré sur le champ de Caïn ? On le devine aisément: pour prendre, pour que son troupeau pille, tout ce qu'il considère comme donné par Dieu, et dans quoi il nie le travail et la création de son « frère » méprisé. Quand Caïn veut parler, lui faire comprendre qu'il abuse, essayer de le convaincre, il n'écoute pas (c'est peut-être pour cela que le texte n'a pas noté le discours de Caïn), il écarte son frère, sans douceur, comme un fraudeur frappe le conducteur du bus qui lui demande son ticket. La riposte de Caïn, car c'est certainement une riposte, pas une attaque, n'est-elle pas nécessaire ?
Oui, il y a quelqu'un qui a refusé de communiquer, mais, comme les exemples plus ou moins récents de l'histoire, les pillages et raids divers dont les nomades ont jalonné l'histoire, ce n'est pas Caïn qui a refusé de communiquer....
Caïn, comme Prométhée, est un martyr de la volonté de création et de construction. Son fils Tubalcaïn inventera le travail des métaux; d'autres fils créeront villes et nations, écriture et arts, philosophie...
Sans Caïn, nous vivrions encore dans des grottes et nous contenterions de cueillette et de chasse. Tout ce qui fait la grandeur de l'homme, et la gloire du Dieu qui l'accepte (une certaine façon de lire la Bible, la lecture kabbaliste, semble aller dans ce sens), c'est la création et la construction d'un monde humain qu'ont entamé les fils de Caïn, auxquels je serais fier d'appartenir si la Bible ne nous disait pas qu'ils ont disparu avec le Déluge.
Choquant, mon point de vue ? Est-il vraiment nouveau ? et ne recoupe-t-il pas certaines lectures de la Bible, kabbaliste, spinozienne,... ? Quand Camus nous parle de Sysiphe, ne parle-t-il pas aussi, voire davantage, de Caïn ? Je ne sais pas, mais je pose la question.

mardi 23 juin 2009

L'affaire Lebrac

Il s'agit de la relecture de La Guerre des Boutons en fonction de la loi actuelle, et de regarder ce qui a changé entre la vision il y a cent ans (eh oui, Pergaud a écrit son roman vers 1912) et la vision actuelle.
Que nous racontait Pergaud et contre quelle vision manichéenne de l'enfance inscrivait-il son roman? La loi et la société du début du siècle passé voulait séparer la population enfantine entre deux catégories opposées, les « braves garçons » et les « vauriens », les premiers destinés à devenir les honnetes gens, les seconds destinés par une fatalité biologique à devenir les criminels. Rien de nouveau :un récent ministre de l'Intérieur a gardé cette vision, et prétend repérer les futurs criminels au jardin d''enfants. Pergaud prétendait nous montrer qu'il n'y avait pas deux populations séparées, mais que les mêmes enfants pouvaient, à l'occasion, se comporter en « braves garçons » et en vauriens. Pour que la société cesse d'exclure les vauriens désignés et leur donne la possibilité de se comporter en braves garçons.
Or ce n'est pas de cette façon qu'on a fait disparaître le manichéïsme, pas en développant les occasions de se comporter de manière positive et les récompenses (bons points, prix, médailles,...); c'est en décidant que les enfants sont tous des vauriens potentiels et qu'il ne faut pas leur en tenir rigueur. On a supprimé les récompenses pour actions positives, qui auraient justifié la jalousie de ceux qui ne les obtiennent pas, et on a prétendu même que la non-révolte était un signe de lacheté et de faiblesse. Dans le même temps où on plaidait l'indulgence pour les actes délictueux, voire criminels, on a développé le méris et la punition des actes positifs, des « bouffoneries » des bons élèves, du respect des adultes....
Considérés comme coupables de naissance et encouragés à commettre des actes de plus en plus violents, les jeunes ont rejoint la caillera. Du coup les adultes prennent peur et relancent la répression. Le nouveau manichéïsme à propos des jeunes est monocolore: tois vauriens. Et il ne reste plus que le choix entre indulgence (« pas leur faute, ils sont jeunes donc vauriens ») et la répression. L'idée même qu'un jeune puisse vouloir construire, avoir une vie sociale honnête, a disparu, et les (trop rares) exemples de travail et de désir de constrction sont traités comme des maladies psychologiques ou du manque de volonté.
Est-il nécessaire de souligner que cette façon de procéder mène à l'impasse?

jeudi 11 juin 2009

Et l'enseignement?

Une autre discussion récente a porté sur la recherche d'une voie pour réintroduire l'équilibre entre création et consommation et l'idée de la nécessité de cette création préalable dans l'opinion.
Une chose est évidente: tous les principes créatiofs enseignés autrefois par au moins une partie des media et, avant tout, par les instituteurs et professeurs, ont (oresque) totalement disparu de toutes les sources d'enseignement; le discrédit du paradigme créatif remontant au moins à 1970, tous les jeunes professeurs le partagent, et seuls quelques vieillards essayent encore de rappeler qu'on ne saurait prendre (partager ou accaparer, mais prendre dans les deux cas) que ce qui a été créé, et pas uniquement par la nature laissée à elle-même (vision écologiste fausse de la croissance zéro). mais remettre dans les méthodes d'enseignement le rappel de ces bases (nécessité de la création, et fierté de ceux qui créent) demande d'abord de disposer d'enseignants qui y croient. Où les trouver?