mardi 23 juin 2009

L'affaire Lebrac

Il s'agit de la relecture de La Guerre des Boutons en fonction de la loi actuelle, et de regarder ce qui a changé entre la vision il y a cent ans (eh oui, Pergaud a écrit son roman vers 1912) et la vision actuelle.
Que nous racontait Pergaud et contre quelle vision manichéenne de l'enfance inscrivait-il son roman? La loi et la société du début du siècle passé voulait séparer la population enfantine entre deux catégories opposées, les « braves garçons » et les « vauriens », les premiers destinés à devenir les honnetes gens, les seconds destinés par une fatalité biologique à devenir les criminels. Rien de nouveau :un récent ministre de l'Intérieur a gardé cette vision, et prétend repérer les futurs criminels au jardin d''enfants. Pergaud prétendait nous montrer qu'il n'y avait pas deux populations séparées, mais que les mêmes enfants pouvaient, à l'occasion, se comporter en « braves garçons » et en vauriens. Pour que la société cesse d'exclure les vauriens désignés et leur donne la possibilité de se comporter en braves garçons.
Or ce n'est pas de cette façon qu'on a fait disparaître le manichéïsme, pas en développant les occasions de se comporter de manière positive et les récompenses (bons points, prix, médailles,...); c'est en décidant que les enfants sont tous des vauriens potentiels et qu'il ne faut pas leur en tenir rigueur. On a supprimé les récompenses pour actions positives, qui auraient justifié la jalousie de ceux qui ne les obtiennent pas, et on a prétendu même que la non-révolte était un signe de lacheté et de faiblesse. Dans le même temps où on plaidait l'indulgence pour les actes délictueux, voire criminels, on a développé le méris et la punition des actes positifs, des « bouffoneries » des bons élèves, du respect des adultes....
Considérés comme coupables de naissance et encouragés à commettre des actes de plus en plus violents, les jeunes ont rejoint la caillera. Du coup les adultes prennent peur et relancent la répression. Le nouveau manichéïsme à propos des jeunes est monocolore: tois vauriens. Et il ne reste plus que le choix entre indulgence (« pas leur faute, ils sont jeunes donc vauriens ») et la répression. L'idée même qu'un jeune puisse vouloir construire, avoir une vie sociale honnête, a disparu, et les (trop rares) exemples de travail et de désir de constrction sont traités comme des maladies psychologiques ou du manque de volonté.
Est-il nécessaire de souligner que cette façon de procéder mène à l'impasse?

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