lundi 25 mai 2009

Capitalisme, libéralisme et socialisme

Grâce, entre autres, à l'emploi (volontaire?) par Marx du mot pour désigner son contraire et le maintien du système antérieur, le terme Capitalisme sert à désigner l'accaparement du capital par ceux que le système ante-capitaliste a rendus riches, et l'exclusion des pauvres de la sphère économique. Alors même que le système a été créé en vue de permettre la participation des « non-riches », des « petits et moyens agents économiques », et le développement de l'économie par la dilution du pouvoir de décision, les « féodaux économiques », les « capitaines d'industrie » ont conservé le système antérieur qui leur laissait la totalité du pouvoir, en ne conservant qu'une apparence de dilution de façon à s'emparer du capital des petits porteurs sans donner de pouvoir en contrepartie. Et le rejet par les non-possédants du nouveau système paré, aux yeux des marxistes, de tous les défauts du système antérieur, n'a fait qu'aider ces accapareurs à le déformer et à lui enlever presque tout ce qu'il apportait. Alors même que toutes les notions à a base du système socialiste ne sont rien de plus que la continuation de la réflexion induite par le passage de l'économie féodale à l'économie capitaliste. C'est de la création du système capitaliste que sont issues toutes les sociétés coopératives, à commencer par les coopératives ouvrières. Ce n'est que quand on a pensé à appliquer à l'immobilier les bases du capitalisme qu'est apparue la copropriété immobilière sans laquelle la construction serait demeurée le domaine des seigneurs féodaux et des sociétés d'investissement.
C'est sur la base de l'idée capitaliste qu'est né le socialisme, dont le but initial était le même: la répartition du pouvoir économique entre tous ceux qui contribuent à la création, ouvriers et producteurs divers; et c'est un profond retour en arrière qu'a provoqué le communisme en reconcentrant le pouvoir économique par l'intermédiaire d'un parti et de son chef.
Le même « malentendu » (ou plutôt le même mensonge) a servi aux mêmes prédateurs-exploiteurs à faire croire au public que le libéralisme signifiait la disparition des règles et la déréglementation, quand le système, après la période d'angélisme où un Adam Smith croyait le marché capable de s'auto-réguler, avait admis la nécessité de protéger les petits intervenants économiques par une intervention de l'État contre les monopoles, forme économique de la féodalité. Et, là encore, ceux-là mêmes que le système entendait protéger, lui attribuant les tares du système antérieur, se sont alliés aux néo-féodaux en créant un anti-libéralisme qui, comme le néo-féodalisme pseudo-libéral, a pour seul but d'empêcher toute régulation non monopoliste et de limiter l'intervention de l'État à la seule création de monopoles étatiques qui se partageront l'économie avec les monopoles privés et excluront les créateurs non monopolistes, les intervenants de petite ou moyenne taille.
Ce détournement de vocabulaire et le, maintien des systèmes antérieurs à peine maquillés me paraît profondément lié à la mainmise du paradigme prédateur sur la pensée: les systèmes nouveaux (capitalisme, libéralisme, socialisme) avaient été conçus dans un esprit d'organisation de la création; ils ont été déformés dans un esprit d'exploitation-prédation.
Visions simpliste ou simplifiée, mais juste? J'attends des commentaires.

Hadopi et logique de prédation

La réflexion sur les deux paradigmes s'applique facilement (trop facilement? je me méfie, malgré la règle du rasoir d'Occam, rappelée plus loin, des évidences apparentes) à tant et tant de problèmes actuels; prenons par exemple celui du pillage culturel (euphémisé par « piratage », tant le mot est moins dérangeant que celui de pillage, pourtant plus approprié).
Les inventeurs de la loi Hadopi ont inscrit celle-ci dans une logique PURE PRÉDATION déguisée en logique créative: alors que la loi est officiellement une défense des créateurs, elle ne défend que les sociétés de POSSESSION PRÉDATRICE et de distribution de l'oeuvre, un peu comme si on prétendait défendre les arbres fruitiers en défendant le monopole de certains cueilleurs. Et en punissant ceux qui ramassent les fruits oubliés, ou, pire encore, ceux qui reçoivent des fruits abandonnés par les ramasseurs illicites. Sans compter ceux qui auraient l'idée monstrueuse du point de vue prédateur de planter un fruit ramassé ou acheté légalement pour créer un nouvel arbre.
D'autre part, en attaquant non le pillard qui a volé et mis en ligne l'oeuvre, mais le téléchargeur, cette loi défend le prédateur efficace, celui qui a les moyens de se protéger par une fausse adresse IP, contre le débutant ou le simple client. Elle est basée sur la logique américaine du prédateur « approuvé par Dieu », puisque il prend avec succès (l'homme qui a sa Rolex à 50 ans) et que seuls les prédateurs inefficaces, débutants, sont punissables.
Trop simple comme explication? Aussi longtemps qu'elle ne chute pas sur un contre-exemple, l'explication la plus simple est bonne (principe de Guillaume d'Ockham, appelé "Rasoir d'Occam")

lundi 18 mai 2009

Pourquoi ce blog?

L'objet de ce blog est l'apocalypse mentale que nous avons connue voici quelques décennies, et le changement de paradigme qui a causé cette apocalypse.
Après plus de cinquante ans, les nombreuses images et impressions que m'a apportées la vie ont donné une image unique, comme des tuiles qui composent une mosaïque. Afin de discuter, de confirmer et de répandre, ou d'infirmer avec motif la conviction à laquelle je suis arrivé, je compte sur vos commentaires.

L'idée de base est la suivante:
Depuis la naissance de l'humanité, deux visions du monde, deux paradigmes incompatibles, se sont opposés.

D'un côté, le paradigme « créateur », celui qui voit l'univers comme l'attente d'une création dont l'homme est investi; et le cadre dans lequel nous vivons est le résultat d'une suite de créations humaines: l'agriculture, l'industrie, la cité,... jusqu'à la dernière création en date, celle des univers virtuels de l'informatique, dont il ne faudrait pas sous-estimer l'importance.

En face, le paradigme « prédateur », celui qui voit l'univers comme quelque chose de préalable à l'arrivée de l'homme. Et où l'homme joue exclusivement un rôle de prédateur, d'exploiteur. Ce paradigme présente de nombreuses variantes en apparence contradictoires:
la variante platonicienne, qui nie à l'homme même la capacité de créer des idées;
la variante monothéiste qui, dès la Torah, plus encore dans les écrits chrétiens ou islamistes, affirme que toute création est une usurpation du pouvoir de créer dont la Bible attribue à Dieu le monopole et la volonté de défendre jalousement ce monopole;
la variante néo-féodale (qui se prétend « libérale ») qui présente l'art d'exploiter les ressources et les « losers » (ceux qui croient nécessaire de créer des objets et des idées) comme le sommet de la réussite;
la variante communiste qui, elle, veut défendre les petits prédateurs contre les plus gros, mais qui généralise l'idée de la prédation universelle;
la variante écologiste qui s'occupe de conserver ce qui existe, de limiter la consommation-prédation, mais n'imagine plus la possibilité d'une création et rejette en tant qu'acte de prédation toute innovation (je parle d'une certaine forme de pensée écologique, la plus répandue, mais une pensée écologiste et créative existe)
et j'en oublie certainement...

Ces deux paradigmes se sont opposés depuis des milliers d'années, mais, jusqu'à une date récente, l'humanité a continué à progresser grâce aux créations successives que n'épuisaient pas les prédations, détoutrnements de création, exploitations en tous genres. Ce qui est nouveau, qui constitue l'apocalypse mentale qui est à la base de notre monde actuel, c'est l'effacement, le dénigrement et le mépris total et systématique du paradigme créateur par la pensée officielle et la langue (de bois) générale. Ceux qui pensent à construire, à créer sur la base de l'existant, sont traités de tous les noms péjoratifs que diffuse la langue "populaire": utopistes, "bouffons", "losers", et, pire de tous pour certains, "efféminés", la création étant assimilée à l'enfantement (ce qui n'est pas faux, et encore moins méprisable) et les valeurs "viriles" reposant exclusivement sur les capacités prédatrices de l'individu...

Si je construis mon exposé sous forme d'une suite d'entrées de blog, c'est parce que, même si j'ai l'impression d'avoir saisi une réalité certaine, et la conviction de la justesse de ma compréhension, je n'en demeure pas moins ouvert à la contradiction. Et j'attends vos commentaires soit pour m'obliger à préciser ma vision, soit pour m'obliger à la modifier.